La pertinence dans la société n’a pas d’âge

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Un message aux aînés 

En ce 1er octobre, Journée nationale des aînés, je me réjouis des hommages qui se multiplieront pour souligner la contribution que plusieurs d’entre vous apportent à la société. Lentement mais sûrement, je sens que la population prend conscience de votre importance pour notre équilibre sociétal. Mais pour moi, ces célébrations ne devraient pas être contenues dans une seule et unique journée annuelle, mais bien à toute heure du jour… et de votre vie.  

Pour une multitude de raisons que je ne m’explique pas, la société québécoise parvient difficilement à composer avec le vieillissement. Comment expliquer ce peu de considération pour plus de 20 % de la population ?  

Certes, les élections du 3octobre aborderont des problématiques entourant la réalité de beaucoup d’aînés du Québec. Mais, outre cette période de réflexion et de choix où, au terme de la course, un vainqueur sera couronné, quelles seront les décisions concrètes apportées pour que le vent tourne et que le vieillissement ne soit plus perçu négativement? 

Quand on y pense bien, l’hypothèse soutenant que les personnes âgées ne sont plus utiles ne tient pas la route. Il n’y a qu’à regarder l’engouement que suscitent des artistes tels que Robert Charlebois et Ginette Reno auprès du public… tout âge confondu ! Que dire de l’apport de personnes comme Bill Gates, Jean Coutu et des membres de la famille Desmarais — pour n’en nommer que quelques-uns — au monde économique ? Plusieurs d’entre eux ont même mis une bonne part de leur fortune au service de notre avenir à travers des fondations ainsi que des initiatives philanthropiques et sociales. Seule une mauvaise foi évidente inciterait à ignorer la valeur des contributions apportées par David Suzuki, Louise Arbour, de même que par des centaines de professeur.e.s universitaires, dont l’expérience et les conseils façonnent, encore aujourd’hui, la pensée de celles et ceux à qui revient la très difficile tâche de guider notre monde au cœur d’un xxie siècle perturbé.  

Ne commettons pas l’erreur de croire que la valeur de leurs initiatives et de leurs actions tient à la seule adulation du public. Nous avons tout autour de nous des exemples d’aînés qui, discrètement, laissent une marque indélébile dans notre monde. Des créatrices comme Arlette Caira, Monique Potvin et Gisèle Poirier, qui mettent leur art au service de causes qui les touchent. Des modèles de dévotion tels que Sœur Angèle et René Pinsonneault, honorés de la Médaille du lieutenant-gouverneur pour leur implication bénévole. Des parents et grands-parents aimants et présents qui se comptent par milliers.  

Loin de moi l’idée de suggérer que les aînés possèdent le monopole de la pertinence. Souvenons-nous que c’est une toute jeune fille, Greta Thunberg, qui a eu le courage et la détermination de rappeler l’humanité à l’ordre afin qu’elle se donne les moyens d’assurer sa pérennité. Plutôt que de s’attarder à son jeune âge — quinze ans à l’époque — la société a choisi d’écouter son message… d’une pertinence on ne peut plus évidente.   

Après tout, la société constitue une grande chaîne ; elle doit s’appuyer sur la solidité de toutes les générations qui en forment les maillons. Mon expérience de vie auprès de personnes plus âgées n’a fait que renforcer cette conviction avec plus d’insistance, année après année. 

Je profite donc de cette journée symbolique pour aller au-delà de la reconnaissance. Je souhaite en effet que nous condamnions davantage les paroles maladroites, les gestes malencontreux envers les aînés qui alimentent, sans que nous le sachions vraiment, l’écart entre la société dite « active » et les « autres ». En ces temps électoraux, pourquoi ne pas choisir, ensemble, un monde sans âgisme ? Il en va de notre avenir à tous.  

 

Luc Maurice