Collaborer, c’est évoluer
J’ai été témoin, dernièrement, de plusieurs initiatives qui m’ont confirmé qu’il n’y a rien de plus redoutable qu’un groupe d’individus marchant main dans la main pour avancer dans la même direction. Pourtant, si collaborer semble facile en théorie, en pratique, cela requiert plusieurs qualités humaines favorables à son existence. Pour la santé sociétale d’aujourd’hui, mais également pour celle à construire, redonnons à la collaboration ses lettres de noblesse, si vous le voulez bien.
La collaboration est, dans bien des entreprises et chez certains individus, devenue une valeur « populaire », « à la mode »… un faire-valoir afin de montrer patte blanche, mais qui se retrouve la plupart du temps sans actions subséquentes réelles. Pourquoi cela ? Parce qu’il est très difficile de bien collaborer. Aider fait certes partie de la nature humaine, mais collaborer est beaucoup moins naturel : cela oblige à travailler avec autrui, ce qui nécessite souvent de faire des concessions personnelles au profit du bien commun.
À mes yeux, malheureusement, la collaboration – une de nos valeurs corporatives pourtant si importante et essentielle à toute grande réalisation – est devenue galvaudée. Il serait si simple, et tellement plus gratifiant, si nous nous « aidions à nous aider » davantage !
Or, j’ai eu un regain d’espoir récemment, en constatant autour de moi plusieurs initiatives en lien avec le mieux-être des personnes plus âgées, dont la clé du succès repose sur la collaboration.
Avec tout ce qui se passe mondialement, et considérant l’augmentation exponentielle de la population de 65 ans et plus, il est plus que jamais nécessaire de s’unir, de briser les silos afin de nous assurer de répondre aux besoins variés de chaque groupe d’âge, mais surtout, à mon avis, des plus vulnérables de notre société.
Des exemples… exemplaires !
En nous unissant, des projets humains et d’envergure, bénéficiant aux plus démunis, tels que Mission Unitaînés, verraient encore plus le jour. Il s’agit, à mes yeux, d’un des exemples les plus éloquents en ce sens. C’est en effet grâce à la collaboration de toutes les parties prenantes que les instigateurs du projet sont en bonne voie non seulement d’atteindre leur objectif de bâtir 10 immeubles de 100 logements abordables pour personnes plus âgées en 2 ans, mais bien de le surpasser, en construisant un 11e immeuble dans les mêmes coûts et délais.
En plus d’avoir vu les instances gouvernementales et privées œuvrer en synergie, Luc Maurice a choisi de façon rigoureuse chaque fournisseur qui a gravité autour du projet. Ceux-ci se devaient effectivement d’avoir des valeurs humaines très présentes et de croire à la mission. Il s’agit donc, pour moi, d’une réalisation remarquable qui incarne toute la magnificence de ce qu’est bien collaborer.
Par ailleurs, la nouvelle politique nationale de soins à domicile, qui semble vouloir reposer sur une plus grande collaboration entre le public, le communautaire et le privé, a le potentiel d’en devenir un autre exemple. C’est, en fait, le souhait énoncé par la ministre Sonia Bélanger lors de son passage à notre balado Dans quelques aînés récemment. Dans le cadre du plan d’action gouvernemental 2024-2029 du Québec La fierté de vieillir, Mme Bélanger travaille sur une politique de soutien à domicile, en collaboration avec plusieurs acteurs du milieu – qu’ils soient issus du secteur communautaire ou privé –, qui devrait voir le jour d’ici la fin de 2025.
J’ai tout simplement envie de dire : « enfin » ! La complexité croissante des besoins liés au vieillissement de la population a rendu essentielle la coopération entre les différentes instances qui ont un pouvoir décisionnel et d’action sur le mieux-vieillir de notre société. Une grande collaboration entre les secteurs gouvernementaux, communautaires et privés est indispensable pour garantir des soins de qualité, accessibles rapidement et adaptés aux besoins des personnes plus âgées.
C’est de notre mieux-être à tous dont il est question avec cette nouvelle politique, que j’accueille avec grand enthousiasme, mais surtout, avec une certaine impatience quant à sa mise en œuvre ; seulement 10 % des besoins en soutien à domicile sont actuellement comblés par le système public, obligeant une grande partie de la population à se tourner vers des services privés. Puisqu’il ne s’agit pas de la majorité des aînés qui peut s’offrir des services privés, la problématique est criante : la santé ne doit surtout pas devenir le lot des mieux nantis.
D’ailleurs, je trouve important de rappeler que, contrairement à une perception répandue, les soins offerts par le secteur privé, notamment en aide à domicile, sont souvent moins coûteux pour l’État que ceux dispensés directement par le réseau public : les charges salariales, administratives et syndicales du secteur public sont extrêmement coûteuses.
De plus, les acteurs privés ou communautaires, déjà implantés dans les collectivités, offrent une flexibilité et une réactivité que le réseau public ne peut pas toujours garantir. Ils font également souvent appel à des technologies et des systèmes informatiques inédits dans le réseau public, ce qui leur permet d’augmenter significativement la productivité et déjouer les lourdeurs administratives comme l’utilisation de fax, par exemple.
C’est pourquoi un modèle de collaboration structurée, où l’État rembourse ou subventionne certains services rendus par le privé (c’est déjà le cas, mais pas uniformément) permettrait d’élargir l’accès aux soins, de répondre plus efficacement aux besoins croissants liés au vieillissement de la population, et ce, à un coût public souvent moindre.
Collaborer, c’est aussi tendre la main
Je souhaite également rappeler que si nous souhaitons vraiment améliorer le mieux-vieillir collectif, il faut inclure les principaux acteurs concernés dans les discussions et les décisions qui les regardent. C’est la moindre des choses, il me semble. Tournons-nous davantage vers les personnes plus âgées afin de bénéficier de leur expertise et de leur opinion !
Nous avons socialement besoin d’eux : ce sont de précieux collaborateurs qui pourraient nous aider davantage à bâtir l’avenir. C’est pourquoi nous tentons de consulter les résidents du Groupe Maurice le plus souvent possible.
Sans eux, nous ne saurions pas comment nous améliorer et répondre à leurs aspirations de façon juste et adéquate ! Leur opinion, leur expérience, leurs connaissances comptent énormément pour nous… valoriser leur savoir, favoriser les échanges intergénérationnels, voilà ce en quoi je crois pour avancer collectivement.
C’est entre autres pour cette raison que nous avons choisi de commanditer deux événements importants de la scène montréalaise cet été : le Festival MURAL et le Festival International de Jazz de Montréal ont embrassé l’idée de mettre à contribution des artistes plus âgés dans leur programmation. Des résidents ont participé à un atelier créatif collaboratif avec deux artistes (dont une artiste plus âgée), autour de leur perception du vieillissement.
Cette rencontre a inspiré une murale extérieure, créée en direct pendant le festival, et les résidents ont été invités à venir y participer ! Si ce n’est déjà fait, passez l’admirer à l’intersection du boulevard Saint-Laurent et de la rue Marianne sur le Plateau Mont-Royal. Cette œuvre me touche particulièrement par sa lumière et ses couleurs… elle est vibrante et porteuse d’espoir.
Tout ce que nous accomplissons au cours de notre vie devrait, à mon avis, pouvoir se faire dans un climat de confiance et de bienveillance qui encourage le fait de demander l’avis d’un collègue, l’aide d’un ami ou de solliciter une expertise qui n’est pas la nôtre. Aucune résidence du Groupe ne pourrait être fonctionnelle et viable sans la collaboration de chaque employé, de chaque résident, de ses gestionnaires et fournisseurs, ainsi que des partenaires financiers de l’entreprise.
Selon moi, aucun projet d’envergure ne peut s’accomplir seul ! Nous érigeons les plus belles et plus grandes cathédrales à coup de centaines de personnes… nous trouvons les idées les plus novatrices en mettant à profit plusieurs cerveaux ! Nous puisons notre force chez les autres… en établissant une dynamique d’échanges stimulants dans le seul et unique but d’avancer et de s’élever, ensemble.
Je crois en la force du nombre… en la diversité des idées et en la complémentarité des talents guidés par une vision commune. Et j’espère que nous serons de plus en plus nombreux à le faire.