Mise à jour sur la maladie d’Alzheimer
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Plus active que jamais, la science n’a pourtant pas encore trouvé le médicament qui guérit la maladie d’Alzheimer. Mais tout espoir n’est pas perdu. On cerne de mieux en mieux les mécanismes de ce trouble neurocognitif. Et si l’arme ultime était la prévention ?
En vieillissant, la santé de notre cerveau nous préoccupe beaucoup. Et pour cause. Plus de 50 millions de personnes dans le monde souffrent d’un type de démence, dont la maladie d’Alzheimer, qui est la plus fréquente. Si la science ne parvient pas à découvrir tous les mécanismes de la maladie et ne trouve aucun traitement, ce chiffre inquiétant pourrait bien doubler tous les 20 ans.
En quête d’un certain espoir, nombreux étaient venus entendre le Dr Fadi Massoud* présenter le 30 janvier dernier une mise à jour sur la maladie d’Alzheimer. Invité par Les belles soirées de l’Université de Montréal conjointement avec le Centre AvantÂge, le médecin avait un discours à la fois bienveillant et réaliste.
Quelle est la différence entre démence et maladie d’Alzheimer ?
La démence est un terme-parapluie qui englobe tous les types de démence. Comme pour la pneumonie, il y a des pneumonies à bactéries, à virus, à champignons. De même, il y a des démences de type Alzheimer, vasculaire, à corps de Lewy, mixte ou encore frontale.
De plus, le terme démence est désuet. Il porte une connotation péjorative trop souvent liée à la folie. Depuis plusieurs années déjà, les mondes scientifique et médical utilisent le terme troubles neurocognitifs.
Comprendre la maladie
Pour parvenir un jour à traiter ou mieux, à prévenir la maladie d’Alzheimer, encore faut-il comprendre comment elle se développe. À ce chapitre, la science a fait de grands bonds depuis les trois dernières décennies.
On sait maintenant que l’accumulation au cerveau de la protéine bêta-amyloïde et la modification de la protéine tau entraînent de l’inflammation. Par la suite, apparaît un déficit en neurotransmetteurs. Ceux-ci assurent la transmission des messages d’un neurone à l’autre. Une carence en neurotransmetteurs interrompt la communication entre les neurones. S’en suivent de sérieux dommages au cerveau.
Les scientifiques savent également que les symptômes de perte de mémoire, de jugement, de langage, pour ne nommer que ceux-ci, se manifestent plusieurs années après le début de la maladie. En effet, grâce entre autres à la plasticité de notre cerveau et à notre réserve cognitive, la maladie pourrait demeurer silencieuse pendant 15, voire même 20 ans.
- Qu’est-ce que la plasticité du cerveau ?
La plasticité du cerveau est la capacité de ce dernier de modifier l’organisation de ses réseaux de neurones en fonction des expériences vécues. Ainsi, si une partie du cerveau devient inapte à cause d’un début de maladie d’Alzheimer, la plasticité (ou malléabilité) du cerveau permettra de créer d’autres routes neuronales. La communication entre les neurones sera ainsi maintenue.
- Qu’est-ce que la réserve cognitive ?
Plus le cerveau aura été habitué à travailler au cours de sa vie, plus il aura développé de la réserve cognitive. Celle-ci sera d’un grand recours lors du vieillissement normal ou en cas de maladie d’Alzheimer.
À la découverte d’un médicament « miracle » ?
Un obstacle à la découverte du médicament « miracle » vient du fait que le diagnostic est posé une fois que la maladie est bien avancée. Or, il est toujours plus difficile de traiter un problème de santé lorsqu’il est pris en charge tardivement.
Forts de ces découvertes, des centaines de chercheurs planchent à trouver le médicament qui pourrait guérir la maladie d’Alzheimer. Et celle-ci est étudiée en fonction de plusieurs hypothèses. Ainsi, pendant que certains chercheurs tentent de dissoudre l’accumulation de protéines sur le cerveau, d’autres cherchent à arrêter le développement de ces protéines.
Or, bien que certaines options explorées semblent prometteuses, il n’existe à ce jour aucune molécule, diète ou vaccin qui guérissent la maladie d’Alzheimer. Même si plusieurs médicaments ont atteint la phase 3 (les essais cliniques) et ont été largement médiatisés, aucun n’a été approuvé et autorisé depuis 2003.
En ce moment, les personnes atteintes de troubles neurocognitifs peuvent uniquement compter sur 2 deux classes de médicaments. L’objectif de ces médicaments vise à ralentir l’évolution des symptômes pendant un certain temps.
Or, toutes ces recherches permettent quand même à la science d’avancer. À force d’explorer, on apprend de plus en plus sur les facteurs qui prédisposent à la maladie d’Alzheimer ainsi que sur ceux qui peuvent protéger contre elle.
De plus, la prise en charge de la personne atteinte et de son proche aidant mobilisent plusieurs chercheurs et professionnels. En attendant le médicament salvateur, des équipes déploient des approches créatives et humaines pour veiller sur les personnes atteintes et leur entourage.
Facteurs de risque
Nous connaissons maintenant les facteurs qui nous mettent à risque de développer la maladie d’Alzheimer. Et bonne nouvelle, parmi ceux-ci, un fort pourcentage peuvent être modifiés. En effet, le Dr Massoud avançait que 35 % des facteurs de risques pouvaient être évités. Certains chercheurs avancent même que près de 50 % des cas de maladie d’Alzheimer pourraient être écartés !
Facteurs de risque non modifiables
- L’âge (plus on avance en âge, plus nous sommes à risque de développer un trouble neurocognitif)
- Notre histoire familiale (nombre de cas dans la famille)
- Sexe féminin (la science ne l’explique pas encore, mais les femmes sont plus à risque que les hommes de développer la maladie d’Alzheimer et ce n’est pas parce qu’elles vivent plus longtemps en général)
Facteurs de risque modifiables
- Sédentarité
- Hypertension artérielle
- Diabète de type 2
- Obésité
- Tabagisme
- Dépression
- Isolement social
- Problèmes d’audition
Et si la prévention était à ce jour notre meilleure arme ?
Une fois de plus, le conférencier nous rappelait les stratégies à notre disposition pour nous protéger contre la maladie d’Alzheimer. Alors, prenons action là où nous avons du pouvoir : la prévention !
- Faire de l’exercice régulièrement. Selon le médecin, ce n’est ni l’intensité, ni la durée qui est le plus important, mais la régularité de la pratique. Ainsi, il recommandait de marcher au moins 15 minutes à TOUS les jours.
- Demeurer curieux, continuer d’apprendre (une nouvelle langue ou un instrument de musique notamment)
- Pratiquer des loisirs stimulants (non, regarder la télévision ne fait pas partie de loisir stimulant !)
- Prendre soin de son réseau social (donner des nouvelles, échanger, demander de l’aide au besoin)
- S’assurer de bien entendre (les difficultés auditives tendent à isoler…)
- Éviter les somnifères, certains analgésiques et antidépresseurs et les décongestionnants
- Ne pas fumer
- Consommer peu ou pas d’alcool. La Coalition canadienne pour la santé mentale des personnes âgées fait des recommandations plus strictes que celles d’Éduc’Alcool.
- Pour les femmes : 0 à 1 verre/jour. Pas plus de 5/semaine
- Pour les hommes : 0 à 2 verres/jour. Pas plus de 7/semaine.
En conclusion, le Dr Massoud rappelait que le cerveau vieillit, comme tout autre organe. Il est normal de ressentir quelques changements après 60 ans tels que :
- Ralentissement du temps de réaction.
- Diminution de la mémoire de travail, comme par exemple, perdre le fil de la lecture que nous faisons. (La mémoire de travail correspond à la capacité de retenir momentanément l’information afin d’accomplir la tâche en cours).
- Difficulté à accomplir deux tâches à la fois.
* Dr Fadi Massoud est médecin gériatre à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal (IUGM) et à l’Hôpital Charles-Lemoyne ainsi que professeur à l’Université de Montréal et à l’Université de Sherbrooke.
Par Michèle Sirois, animatrice à Ère Libre, MAtv et collaboratrice à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal.