Dépendance aux écrans : ce qu’il faut savoir
Saviez-vous qu’aujourd’hui, 94 % des Québécois disposent d’un téléphone intelligent, d’un ordinateur, d’une tablette ou d’une montre connectée ? Les appareils numériques – et les écrans qui les accompagnent – sont désormais omniprésents. Si ces derniers apportent loisirs, liberté et détente, leur usage excessif peut aussi provoquer des troubles physiques, psychologiques et sociaux. C’est tout l’enjeu de ce qu’on appelle aujourd’hui la dépendance aux écrans.
Les côtés positifs des écrans
Accès à l’information
Si les écrans suscitent souvent des inquiétudes, rappelons qu’ils comportent aussi de bons côtés. L’accès à l’information, par exemple, ouvre de nouvelles portes à la curiosité, à la culture et à l’autonomie. En 2025, près de 38 millions de Canadiens utilisent Internet afin de consulter l’actualité locale et internationale, consulter des ressources de santé sans se déplacer et bien plus encore.
Pour beaucoup, ce support est devenu un outil important, à condition toutefois de faire preuve d’esprit critique face aux nouvelles et de diversifier ses sources d’information.
Socialisation et maintien du lien
Pour d’autres, les écrans sont un pont vers le monde, notamment lorsque la distance ou la mobilité limitent les échanges. Les appels vidéo, la messagerie instantanée, les réseaux sociaux ou les groupes d’intérêt permettent de maintenir le lien et de se sentir entouré.
Une étude publiée dans le Journal of Medical Internet Research avance que l’accès à des communautés virtuelles, à des forums de soutien ou à des services d’écoute peut d’ailleurs contribuer à prévenir l’isolement, la dépression et l’anxiété.
Stimulation cognitive et apprentissage
Notons que les écrans peuvent également nourrir l’esprit. Une analyse publiée dans la revue Médecine/sciences a prouvé que « les jeux vidéo étaient de plus en plus adaptés pour l’entraînement cérébral » et que « les jeux d’action, qu’ils soient en ligne, sur téléphone ou sur console, se révélaient particulièrement stimulants sur le plan cognitif ».
De même, apprendre une langue via une application numérique s’avérerait tout aussi bénéfique pour les aînés : un programme de 16 semaines présenterait des améliorations notables de la mémoire, comparables à celles obtenues avec des exercices cérébraux classiques durant ce même intervalle !
Encouragement du mouvement et suivi de l’activité
Outre les bénéfices cognitifs, notons que les montres connectées, les bracelets d’entraînement et les applications de suivi peuvent transformer l’écran en outil de motivation et de mesure de l’activité physique.
Ces outils seraient éminemment utiles pour tous ceux qui souhaitent surveiller leur santé cardiovasculaire, maintenir leur forme physique ainsi que leur autonomie.
Bien que certains considèrent ces dispositifs comme de simples gadgets, une étude menée avec 40 aînés (âge moyen : 85,4 ans), sur une période de 12 semaines, a montré que l’utilisation de montres connectées augmentait la marche quotidienne d’environ 900 pas par jour. Preuve que, peu importe l’âge, ces appareils présentent des avantages non négligeables !
Les risques de leur usage excessif
Malgré leurs avantages, il faut bien reconnaître que les outils intelligents ne sont pas sans risque. L’exposition prolongée aux écrans peut avoir des effets néfastes à plus long terme.
Quand l’écran remplace l’échange « réel »
Bien qu’il facilite le lien à distance, la science a pu constater que l’écran peut, malgré tout, nuire aux relations de proximité. D’après plusieurs experts de l’Université d’État du Michigan, lorsqu’un appareil numérique monopolise l’attention, les discussions « réelles » avec les proches deviennent moins fréquentes, plus superficielles et la présence émotionnelle s’amenuise. C’est ce qu’ils appellent plus communément le télésnobisme (ou phubbing en anglais).
Stress numérique
Poser et s’éloigner de son téléphone peut également devenir une immense source de stress pour certaines personnes. Les notifications constantes, les jeux vidéo en ligne qui offrent des récompenses, la pression de rester joignable et la peur de manquer une information entretiennent un état d’alerte permanent chez les usagers.
Ce phénomène, connu sous le nom de FOMO (Fear of Missing Out) ou « anxiété de ratage », nous pousse à consulter sans cesse notre appareil mobile ou nos réseaux sociaux, au détriment de notre calme mental. Selon l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), elle conduirait même à des problèmes de concentration, pouvant causer toutes sortes d’accidents, notamment de la route.
Cyberinsécurité
Et n’oublions pas les risques de cybersécurité ! La cyberintimidation et le cyberharcèlement touchent n’importe quelle tranche de la population, y compris les jeunes et les aînés, qui peuvent se retrouver vulnérables face à des comportements agressifs ou manipulateurs en ligne.
Les tentatives d’extorsion ou d’arnaques numériques, telles que les fausses offres financières ou les sollicitations par courriel ou messagerie, sont de plus en plus fréquentes. Ces dernières peuvent provoquer bien plus que de l’anxiété et de la méfiance, allant jusqu’à des pertes d’argent importantes, un sentiment d’insécurité constant et une sensation d’impuissance généralisée.
Effets sur la santé physique
Cette hyperconnexion ne se limite évidemment pas au côté psychologique. Toujours d’après l’INSPQ, il existerait de véritables corrélations entre l’usage prolongé des appareils numériques et des problèmes de santé physique :
- Sédentarité et surpoids– augmentation du risque de maladies chroniques telles que l’obésité ou le diabète ;
- Troubles du sommeil dû à la lumière bleue– retard de production de mélatonine qui perturberait l’endormissement ou diminuerait la qualité du sommeil ;
- Problèmes oculaires– fatigue visuelle, sécheresse oculaire, vision floue et maux de tête suite à une exposition excessive aux écrans ;
- Douleurs musculo-squelettiques– raideurs chroniques aux dos, au cou et aux épaules, notamment sur l’ordinateur à cause de la posture voûtée ou sur le téléphone (cou tourné vers l’écran en permanence) ;
- Graves conséquences sur le développement du cerveau des enfants– amincissement du cortex et retard de langage chez les plus petits.
Conseils pour lutter contre la dépendance aux écrans
Malgré vos efforts, il se peut que vous passiez plus de temps que prévu devant les écrans. Cela dit, pas de panique ! Voici quelques habitudes conscientes et équilibrées que vous pouvez mettre en place pour profiter des outils numériques sans vous laisser submerger.
- Fixez des plages sans écrans : par exemple lors des repas, des moments de réunion familiale, sans téléphone ni télévision ;
- Privilégiez l’usage actif : pour appeler un proche, participer à un atelier en ligne, se former… plutôt que de faire défiler sans but ;
- Établissez une « heure d’extinction » avant le coucher : réduisez la luminosité du téléphone et évitez les écrans 60 minutes avant de dormir ;
- Alternez avec des activités non numériques : promenades, lecture, discussion, aquaforme, atelier créatif pour rééquilibrer l’attention et rester en mouvement ;
- Créez des zones sans écran : dans la chambre, à table, ou lors des rassemblements familiaux ;
- Demandez-vous « Pourquoi suis-je sur cet écran ? » : prendre un instant pour réfléchir à la raison (habitude, ennui ou échappatoire) peut parfois suffire à modifier votre comportement.
Lorsque nous y réfléchissons, l’usage des écrans n’est ni entièrement bénéfique ni fondamentalement mauvais. Il peut enrichir nos vies, stimuler notre curiosité, renforcer nos liens et soutenir notre santé dans une certaine mesure… Mais il peut aussi favoriser le repli, la fatigue ou la dépendance silencieuse.
Les effets évoqués ici ne sont d’ailleurs pas exhaustifs, mais traduisent les principaux constats observés à ce jour. Finalement, tout dépend de la façon dont nous utilisons les appareils numériques. L’objectif serait donc d’en garder la maîtrise, sans tomber dans l’excès. Et vous, comment trouvez-vous votre équilibre face aux écrans ?