Comprendre ce qu’est un aîné

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Bien que la société soit à se préparer face à l’arrivée de la deuxième vague de COVID-19, je m’en voudrais de ne pas souligner la Journée des aînés qui, plus que jamais cette année, se doit d’être honorée. En effet, vous qui avez déjà tant appris, tant vu, tant vécu, vous avez ajouté une épreuve de taille à votre histoire personnelle avec la pandémie actuelle. Vous avez fait preuve d’un courage exceptionnel et d’une résilience exemplaire dans des circonstances plus que difficiles. Pour tout cela et pour beaucoup plus encore, mon souhait ultime serait de vous célébrer en grand. Or, la recrudescence du virus vient ternir tout projet, en nous rappelant de nous tenir sages, car le danger menace toujours. Mais je demeure optimiste, car nous ne voulons plus accepter l’inacceptable.

Par ces quelques mots, je désire humblement vous envoyer un brin d’espoir, car si nous pouvons changer nos perspectives un tant soit peu, et voir les gains de la pandémie jusqu’à présent, force est de constater qu’elle a exhumé les grandes lacunes sociétales qui ont trop longtemps gravité autour des aînés. Et puisqu’il faut souvent atteindre le fond pour rebondir, cette deuxième vague est l’occasion pour nous tous d’agir, de prouver que nous avons appris, et de réparer nos bévues.

L’urgence de comprendre les enjeux

Or, qu’y a-t-il eu de concret jusqu’à présent pour signaler l’absence de respect qu’ont subi les aînés ? Les récents décès liés à la pandémie, vécus dans l’anonymat et la solitude par manque de ressources, n’ont-ils pas outré le Québec tout entier ? Il est plus qu’urgent de régler les enjeux sociétaux gravitant autour des aînés. La COVID-19 nous a prouvé que nous avons atteint la limite de l’acceptable, car c’est tout de même au prix de leur vie que les consciences s’éveillent enfin. Cela dit, pour ce faire, il faut comprendre les enjeux reliés à cette tranche de la population. Voilà ce qui, à mon avis, devrait désormais se retrouver en tête de lice des priorités des décideurs et de la collectivité.

Que faut-il comprendre exactement, me demanderez-vous ? Eh bien, non seulement nous devons réaliser le fait que nous sommes tous égaux, que nous soyons jeunes ou vieux, mais nous devons également l’intégrer. Il nous faut reconnaître l’individu et non pas « les aînés », « les enfants » ou encore, « les adultes ». Commençons par arrêter de catégoriser les gens, de les mettre dans ces « cases » qui donnent l’impression, à tort, que nous les comprenons et que nous savons ce dont ils ont besoin. Ces généralités sont, à mon avis, notre pire ennemi, car ce sont elles qui, par exemple, confinent tous les aînés lors d’une pandémie.

Y a-t-il des solutions ?

Tout comme vous, je me questionne dans le seul et unique but de mieux comprendre notre société afin de trouver des solutions. Je crois simplement — encore plus depuis les malheureux événements liés à la crise sanitaire — que le manque de considération et la généralisation envers les personnes âgées mériteraient autant d’indignation de la part de la communauté que toutes autres formes d’iniquités. La coopération et la solidarité d’une population qui respecte les différences de sa collectivité peuvent accomplir de grandes choses. Personne ne peut se battre seul pour faire avancer une cause. Et si nous faisions preuve d’un peu plus d’altruisme à l’égard de vous tous, personnes plus âgées ?

Tolérance zéro

Toute cette introspection a influencé ma perception face à mon rôle de chef d’entreprise, face à ce que j’ai défendu depuis le début de ma carrière, soit le mieux-vieillir des aînés en société. Je suis aujourd’hui encore plus convaincu de l’importance de la mission du Groupe Maurice et de la cause qu’elle appuie. Je perçois nos combats avec encore plus d’acuité ; tant que les instances gouvernementales et que la collectivité en général parleront des retraités en confondant toutes les personnes âgées de plus de 65 ou 75 ans, nous ne serons jamais capables d’atteindre un mieux-vieillir optimal dans l’ensemble de la collectivité. Nous ne pouvons pas prétendre avoir une seule recette pouvant répondre à une telle diversité de gens plus âgés. Comment une personne de 75 ans, en pleine possession de ses moyens, peut-elle être heureuse de se faire dire quoi faire, alors qu’elle a plus d’expérience et de connaissances que la majorité de la population ?

En cette Journée des aînés, tel est donc mon vœu le plus cher : que le monde entier respecte l’individu dans toute son unicité. Qu’il y ait désormais zéro tolérance envers l’indifférence collective des plus âgés. Il ne s’agit plus que d’une quête de votre mieux-être, mais également de la considération de nos différents besoins, que nous ayons 35, 60 ou 85 ans.

Tant et aussi longtemps qu’il y aura une neutralité, une dénégation de l’individualité et des aspirations distinctes de chaque personne, le respect sera inatteignable. Entre vous et moi, même le mot « aîné » n’est pas adéquat ! Il exprime exactement ce que je tente de vous expliquer par ces quelques mots : il s’agit, à mon avis, d’un terme trop englobant, qui veut dire « plus vieux qu’un autre », ce qui est très relatif, surtout aujourd’hui, dans une société où certaines personnes plus âgées sont aussi vaillantes que bien des plus jeunes !

Malgré tout ce débat, je demeure optimiste. En étant lucides face à notre grande part de responsabilité dans cette période de bouleversements, en étant conscients de l’individualité de chacun, sans égard à son âge, à sa santé, à son éducation, à ses affinités ou encore, à sa personnalité, nous en arriverons à un changement de mentalité, de culture. Et quand l’opinion bascule, le monde peut évoluer. En misant sur nos plus belles qualités humaines et nos différences respectives, croyez-moi, nous marcherons vers des horizons plus glorieux. Et les aînés de demain n’en seront que plus heureux !

Bonne Journée des aînés à toutes et à tous !

Luc Maurice