Luc Maurice en 10 questions… et peut-être un peu plus !

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Pour ce billet de blogue, on m’a permis de voler la tribune à monsieur Maurice pour que je le cuisine un peu. Pourquoi ? Parce que nous le connaissons tous sous son chapeau de président fondateur, mais beaucoup moins sous celui de l’homme derrière tout ça. Je l’ai rencontré virtuellement, puisqu’isolé à son chalet, aux prises avec des relents de COVID-19 (eh oui, même des grands gaillards comme lui passent dans le tordeur d’Omicron, faut-il en conclure !). Mais sa bonhommie ne fut en rien accablée par ce désagrément, bien au contraire. Débutons donc l’année de façon légère et joyeuse avec 10 questions à Luc Maurice. C’est parti !

Monsieur Maurice, vous êtes à votre fameux chalet, celui dont on entend si souvent parler. Qu’a-t-il de si spécial à vos yeux ?

C’est que je viens de le rénover, et que pour le faire, j’ai démoli le chalet que j’avais construit moi-même à l’âge de 17 ans. Mon père était un petit entrepreneur général et j’ai appris beaucoup en l’aidant sur les chantiers. J’adorais travailler avec lui. On s’entendait vraiment bien. Vous ne le savez peut-être pas, mais je suis manuel de nature… attiré par les intellectuels, mais fondamentalement manuel.

Au moment de la construction de mon chalet, j’étudiais au Collège militaire royal de Saint-Jean. Les fins de semaine, mes amis et camarades de classe venaient m’aider. Ça leur offrait une petite escapade à l’extérieur de la ville et, à moi, des paires de bras supplémentaires pour construire la charpente.

L’avantage du collège militaire, c’est qu’on est payés pour étudier. C’est ce qui m’a permis de m’offrir la construction de ce chalet. Je n’ai jamais été très dépensier, très matérialiste… en fait, je n’ai jamais acheté de maison de ma vie. Le seul bâtiment qui m’appartient, c’est ça, ici.

J’ai terminé la construction du chalet à 21 ans. Je ne l’avais jamais rénové, changé de façon significative depuis. Mais la COVID est arrivée, et puisque je planifiais y passer beaucoup de temps (le centre-ville de Montréal, où je loue un appartement, étant fermé), j’ai entrepris de faire travailler mes amis entrepreneurs alors sans emploi, dans un environnement extérieur et contrôlé, et de rénover. Je voulais que mon chalet soit très « nature », fait de pierres et de bois rond, et avec beaucoup de fenêtres. L’idée était de se sentir dans le bois, tout en étant à l’intérieur. J’ai donc une vue sur le lac et sur la montagne, en plus d’un grand foyer. J’y ai brûlé 32 cordes de bois l’an passé. Nature et chaleur, c’est ce que je recherchais. Ce n’est pas un château, mais ici, c’est moi. Ça me ressemble en tout point.

 

C’est donc votre havre de paix si je comprends bien ? C’est ici que vous réussissez à décrocher de l’intensité du travail, j’imagine ?

Complètement. Je le dis souvent : si je n’avais pas eu cet endroit, je ne serais pas le même homme aujourd’hui.

 

Ah bon ? Comment ça ?

Je suis excessif dans pas mal tout ce que j’entreprends. C’est héréditaire : mon père et mon grand-père étaient comme ça. Mon père est d’ailleurs décédé à 48 ans d’une maladie coronarienne, qui, malheureusement, n’a pas été détectée à temps. C’était la réalité à l’époque : les gens fumaient, travaillaient très fort… ils ne faisaient pas attention à eux.

Donc à 39 ans, j’ai décidé d’arrêter de travailler pour prendre soin de moi. Cette « pause » a duré 17 mois. J’avais économisé un peu d’argent, car je possédais peu de biens, et mon chalet était payé. J’ai donc quitté mon poste au Canadien National et j’ai entrepris de construire un camp de bois rond dans le Grand Nord, tout en étant guide de motoneige pour les touristes. Ça m’a permis de remettre les choses en perspective. J’ai vraiment décroché, tellement qu’en 6 mois, ma pression sanguine (alors un peu trop élevée) est descendue plus bas que la normale. C’est à ce moment que j’ai compris l’importance du mode de vie sur notre santé, et que je devais prendre soin de moi.

Depuis ce temps, et dû à mon hérédité, j’essaie vraiment de bien manger et d’être actif. Surtout depuis les deux dernières années. À être scotché devant un écran toute la journée, ce n’est pas sain. Je m’assure alors de prendre 2 heures quotidiennement pour aller dans la montagne.

 

Deux heures en forêt ? Mais vous y faites quoi ?

Vous allez rire, mais je parle à mes arbres. Je me suis fait un petit parc, une piste de ski de fond, je bûche les arbres malades… bref, c’est mon petit coin de paradis où je me sens bien. C’est comme mon sentier de pèlerinage.

Mais je ne suis pas très différent de plusieurs personnes : face à la situation actuelle, beaucoup réapprennent à valoriser la nature, réalisent son importance et son influence sur notre bien-être, et ont adopté un rythme de vie un peu moins soutenu. Ils ont retrouvé un certain équilibre, et c’est tant mieux.

 

Quel est votre passe-temps favori quand vous êtes là ?

J’adore l’hiver. Quand il neige, j’ai l’impression d’avoir 5 ans. Les jours de tempête, je suis presque dans un état second. Ça m’émerveille, la neige. C’est pur, calme, doux… et ça offre tellement de possibilités ! J’ai passé beaucoup plus de vacances aux Territoires du Nord-Ouest, au nord de l’Abitibi, au Yukon et en Alaska que dans le Sud. La période où je prends le plus de temps pour moi, c’est l’hiver et c’est dans le Nord. Et je pars en motoneige. Il n’y a aucun endroit qui n’est pas accessible pour moi !

Mon passe-temps favori, c’est donc d’amener des amis, l’hiver, sur des lacs inconnus, chaque fois différents, et d’y faire un petit feu de camp. J’ai tout le temps une scie à chaine avec moi et du petit bois. En 5 minutes, c’est fait. On mange un goûter autour du feu de camp sur le lac et on revient tranquillement. Tout le monde ADORE ça. Et moi, ça me rend fou de bonheur.

Aimer, c’est connaître. Donc si tu ne connais pas la nature, si tu n’y passes pas beaucoup de temps, si tu ne te maries pas avec elle, comment veux-tu l’aimer ? Pour moi, c’est tellement important…

 

Avez-vous un petit secret à nous dévoiler ?

Autant je suis très physique et hyperactif, autant je valorise énormément mes matinées à lire. Ce qui m’intéresse le plus c’est l’histoire, l’anthropologie et la géographie. J’aime la science aussi.

J’ai besoin de lire. Beaucoup. Il faut être curieux. Grandir et apprendre, aimer et être aimé, être utile et aider sont les 3 devises importantes de ma vie. Mais on ne peut pas avoir tout ça si on n’est pas curieux. Je dis souvent qu’une personne vieille, c’est une personne qui n’est plus curieuse, peu importe son état de santé. Si on a encore de l’intérêt, une sensibilité face à autrui, on demeure jeune longtemps.

 

Mais… ce n’est pas un secret, ça, Monsieur Maurice, aimer lire !

C’est vrai ! (rires) Eh bien, ce que je peux vous dire, c’est que je n’ai pas une bonne oreille… et que je suis daltonien. Il m’arrive souvent de m’habiller avec des chandails qui ne correspondent pas du tout à mon pantalon !

Et puis, pour moi, la musique, c’est cacophonique. Je ne saisis pas bien les paroles, à moins qu’elles soient vraiment prédominantes. J’écoute donc peu de musique. J’aime davantage les émissions de radio d’informations. Et comme je vis seul, c’est agréable. Mais la musique, ça ne me parle pas. Quelques textes vont me toucher, m’émouvoir, mais pas la musique.

Ah, et aussi, je ne cuisine pas. Pour moi, cuisiner, c’est du sport extrême.

 

Hahaha ! Dis l’homme qui fait des excursions de motoneige dans le Grand Nord !

J’oublie tout sur les ronds, je me brûle… je mets le feu, même ! Je voulais m’acheter un poêle au gaz pour le chalet lors des rénovations, et tous mes amis m’ont formellement interdit de le faire. Je suis trop dangereux ! Ils m’ont obligé à m’acheter un poêle à convection dont les ronds s’arrêtent dès qu’on enlève les chaudrons.

 

C’est le moment des questions en rafales. Je commence. Si vous aviez à être quelqu’un d’autre, l’instant d’une journée, ce serait qui ?

Ce serait d’être le personnage principal du film Avatar. Ce film m’a émerveillé. Qui ne veut pas être beau, grand, fort, aidant, sauver le monde et protéger un peuple tout en ayant une merveilleuse conjointe et en vivant dans un monde naturel éblouissant ? Tout, dans ce film, frise la perfection des aspirations humaines. Pour moi, ce serait cette personne.

Quelle est votre plus grande qualité ?

La détermination.

Votre plus grand défaut ?

Je suis trop expéditif parfois.

Votre plus grande passion ?

Faire une différence en société.

Vous avez sûrement un livre préféré ? Quel est-il ?

J’en ai deux : « Les Juifs, le monde et l’argent », de Jacques Attali, et la série « L’État du monde » que je lis religieusement chaque année.

Vous qui aimez les arbres, quel est votre favori ?

Le bouleau, bien que ce soit un arbre fragile. Je l’aime parce qu’il est blanc, il me rappelle la neige, et parce qu’il contraste dans la nature.

Votre humain préféré ?

Ici aussi j’en ai deux. Ce sont messieurs Claude Castonguay, un des grands bâtisseurs du Québec, et Claude Montmarquette, ancien président-directeur général du CIRANO, malheureusement décédés aujourd’hui. Leur implication dans la collectivité, même à un âge avancé, a été impressionnante. Ils ne critiquaient pas : ils proposaient des solutions. Ça m’écœure, la critique. Amenez-moi des solutions et je vais écouter. Ces hommes ont donc eu toute mon admiration et mon respect.

Qu’est-ce que je peux vous souhaiter, à vous, cette année ?

Je veux juste être en santé. Je suis foncièrement heureux, je me trouve très chanceux. Bien sûr, on peut toujours améliorer certaines choses, mais je me sens bien, « sur mon X » comme certains disent. Je veux pouvoir continuer d’influencer, de conseiller, d’aider… de m’amuser aussi.

Je veux tranquillement être moins impliqué au quotidien dans l’entreprise, mais continuer à être utile longtemps, à partager mon savoir et mon expérience à d’autres. Parce que la plus grande richesse du monde, ce sont LES GENS.

Eh bien, je pense pouvoir dire au nom de plusieurs que nous désirons en effet profiter encore de votre savoir et de votre expérience. Vous êtes passionnant, tellement que j’ai envie qu’on se donne rendez-vous à nouveau pour une autre série de questions. Qu’en pensez-vous ?

Très bonne idée ! On se retrouve bientôt alors !

 

Merci Monsieur Maurice. Bonne fin de journée à votre chalet, ou dans la montagne. Dites bonjour aux arbres pour moi !

Catherine Darlington, conceptrice-rédactrice du Groupe Maurice