S’inspirer des autres pour s’élever collectivement
À l’aube du 1er octobre, Journée internationale des aînés, mais surtout d’une ère de profonds changements de paradigmes mondiaux, je profite de l’occasion pour réaffirmer mon souhait de rapprocher les personnes plus âgées au centre de nos vies. Dans cette optique, je nous invite à garder vivante la mémoire de ce qui nous a façonnés, afin de cultiver notre histoire commune.
Gardiens de notre passé ; garants de notre futur
Chaque fois que je me rends en résidence, ça me réjouit : les résidents sont comme des soleils autour desquels j’aime graviter. Ils me racontent leur « légende », m’enseignent leur vie et surtout, me confortent dans mes croyances. À mes yeux, ils sont tous extraordinaires, tant par leur caractère distinct que par leur modestie.
Pour moi, les personnes plus âgées incitent au respect du vécu, de la vraie connaissance, à reconnaître la valeur inestimable du passage des époques. Elles inspirent l’honorable en incarnant l’expérience du temps, de la traversée des épreuves et de la victoire après avoir dû, parfois, composer avec la souffrance. Les aînés incarnent à la fois le robuste et le fragile de la vie, mais demeurent surtout la preuve que celle-ci est ce qu’il y a de plus puissant et de plus beau, car – chacun à leur manière – ils en restent les fiers témoins.
Dans le contexte actuel, marqué par des conflits et des atteintes aux libertés communes et individuelles, leurs voix sont plus précieuses que jamais. Les relier au cœur des décisions collectives, parler AVEC elles plutôt qu’en leur nom, c’est contribuer à une communauté plus harmonieuse, plus équilibrée et plus juste. Une prise de conscience et un tournant en ce sens s’imposent – maintenant ! Reconnaître la pertinence, inclure les voix, rendre visibles les visages de celles et ceux sur qui nous pouvons nous appuyer, voilà une richesse inestimable pour renforcer notre société.
Plus que jamais, nous avons besoin de repères, individuellement et collectivement. Et nous pouvons nourrir ce sentiment d’ancrage et d’identité quand nos fondements – histoire, valeurs, acquis, transmis par les aînés – sont honorés et partagés. Nous avons tout à gagner à le faire, car les traditions offrent un lien précieux : elles nous rappellent d’où nous venons et éclairent le chemin à venir. Alors, pourquoi ne pas mettre pleinement en valeur ces modèles, ces piliers, comme on le fait déjà ailleurs ?
Savoir d’où nous venons
En effet, dans certaines communautés, les personnes âgées, détentrices de la tradition et du savoir, sont essentielles, et leur apport, tant passé que présent, est valorisé. Leur expérience, bien au-delà de la connaissance et introuvable sur Internet, assure la transmission des mœurs et coutumes. Ces peuples ont compris que sans les aînés, c’est toute une culture qui s’effrite. Pourquoi ne pas poser sur les personnes âgées le même regard de respect et de gratitude ?
Un changement de perception est nécessaire
Plutôt que de chercher des responsables, je lance ici une invitation à rassembler toutes les forces qui façonnent notre imaginaire collectif : gouvernements, médias, institutions, communautés, familles, chacun de nous. Parce que chaque geste, chaque mot, chaque image influence la manière dont nous percevons l’âge, veillons donc à offrir des représentations qui reflètent la richesse et la diversité des parcours de vie.
Car un changement de perception puise d’abord sa source dans les croyances et les discours, bien avant de se transposer en actions concrètes. La pensée, sous-jacente aux paroles et aux gestes, est puissante et possède une portée bien plus importante que nous le croyons. Utilisons-la à bon escient, en devenant des alliés attentifs : reconnaissons la valeur de celles et ceux qui nous précèdent, en affirmant leur place d’aujourd’hui, en saluant leur capacité à continuer d’innover, de créer, de s’engager et d’imaginer l’avenir.
Nous leur devons une part de notre bonheur. Offrons-leur, en retour, une place à la hauteur de ce qu’ils représentent : une source d’expérience, d’inspiration et d’humanité, mais aussi une énergie toujours vivante pour le présent et pour demain. Célébrons l’art de vieillir, l’âge de vivre.
S’inspirer et agir conséquemment
Je suis convaincu de la valeur d’une organisation sociale plus horizontale, où chaque personne, peu importe son statut, son âge ou son rang, compte autant qu’une autre – car différente et donc complémentaire. C’est, entre autres, le cas dans les communautés autochtones où, comme dans un casse-tête, chaque pièce est essentielle pour constituer l’image finale : une société riche, harmonieuse et colorée.
Pour y parvenir, il faut accepter le changement et apprendre des cultures qui font différemment, parfois mieux. S’ouvrir à d’autres façons de faire, s’élever collectivement grâce au savoir et à la sagesse, n’est-ce pas une voie prometteuse ?
Nos différences constituent notre plus grand pouvoir. Et celles et ceux qui semblent plus fragiles sont souvent ceux qui nous adoucissent, nous ravivent et nous illuminent le plus. Ils nous rappellent l’importance de nos racines, nous redonnent confiance et espoir.
Aujourd’hui, nous avons plus que jamais besoin d’eux.