Comme du sucre à la crème

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J’ai toujours tenté de dévouer mes actions, mes paroles ou mes décisions au bonheur. Je suis loin de prétendre que j’y suis parvenu à tout coup, mais je peux affirmer qu’encore aujourd’hui, je m’y consacre assidument. J’ai même basé ma carrière sur ce principe, afin de créer des résidences qui « rendent heureux ». Mais, dernièrement, nous nous sommes questionnés : qu’en savons-nous réellement, sociétalement, sur ce qui vous rend profondément heureux ? Plus nous cherchions, plus nous nous rapprochions d’un constant alarmant : il n’existe pas (ou très peu) de données probantes sur le sujet. Il nous parut crucial de corriger le tir, raison pour laquelle le lancement d’une vaste étude sur le bonheur nous rend particulièrement… heureux !

 

Je crois profondément que, de façon consciente ou non, tout ce que nous faisons au cours de notre vie, toutes les décisions que nous prenons ou les gens desquels nous nous entourons, est fait dans le but d’être heureux. Mais ce bonheur est fragile et tributaire d’une quantité non négligeable de variables plus ou moins complexes. Ne mériterait-il pas d’être davantage étudié afin d’être plus souvent généré ?

C’est ce qui a motivé la professeure Mélanie Levasseur, et l’équipe de chercheurs provenant de différentes universités qui l’accompagne, à élaborer une grande étude pour connaître les éléments clés qui influencent le bonheur des personnes âgées selon leur milieu de vie. Soutenue par la Fondation Luc Maurice et lancée à la résidence VÜ au début du mois de juin, nous espérons que cette étude permettra aux décideurs de notre société de mieux comprendre les besoins, désirs et aspirations des aînés et, ultimement, mettre les moyens en place pour leur offrir plus de choix en termes d’hébergement.

De la réaction à la prévention    

Le manque de données sur le bonheur des personnes plus âgées est problématique. C’est ce qui amène, selon moi, les organisations, publiques comme privées, à prendre des décisions basées sur des cas anecdotiques et non scientifiques. De plus, nous avons socialement tendance à poser des actions concrètes, à changer les choses principalement lorsqu’une situation de crise se présente. Nous sommes réactifs plutôt que prévoyants, et ce manque de planification et de rigueur fait mal à notre société, principalement aux personnes plus vulnérables.

Ainsi, face au manque d’action — ou ne serait-ce que de conscientisation — en lien avec le vieillissement de la population et ses enjeux imminents, nous nous devons, collectivement, d’encourager et de soutenir des initiatives visant à anticiper les besoins. Nous devrons cependant être patients : même si certains résultats préliminaires seront dévoilés plus tôt, la conclusion de cette étude se fera d’ici trois ans.

Une étude à la rescousse

Pour moi, donc, la réalisation de cette étude québécoise sur le bonheur des aînés m’insuffle un vent d’espoir et j’ose espérer qu’elle sera consultée consciencieusement par les différents acteurs du milieu. La solution réside dans les connaissances et, conséquemment, dans la compréhension de ce dont les aînés ont réellement besoin et envie en termes d’hébergement. La solution réside également en la recherche de solutions et en l’action en lien avec ces connaissances. Car, oui, je rêve encore d’une société moins nombriliste et consciente des inégalités, agile et proactive afin de non seulement prendre les décisions qui s’imposent, mais surtout, d’agir en conséquence.

Avec l’augmentation de l’espérance de vie, il est essentiel de travailler ensemble pour offrir plus de choix, mais surtout, plus de choix qui correspondent aux différentes réalités et désirs des aînés. C’est notre responsabilité à tous, notre devoir sociétal, d’assurer un vieillissement humain heureux.

À plus long terme, les résultats de cette étude influenceront certainement la qualité des services offerts aux aînés, en vue de préserver, et, espérons-le, d’augmenter leur niveau de bonheur. N’oublions pas, cependant, que bien qu’une aide extérieure facilite grandement la tâche, il nous faut aussi voir le bonheur dans les petites choses de la vie, choisir d’être foncièrement heureux. Comme l’a si bien dit un des résidents du VÜ, présent lors du lancement de l’étude : « le bonheur, c’est comme le sucre à la crème. Quand tu n’en as plus, tu t’en fais. »

 

Luc Maurice

À savoir !


L’étude de la professeure Mélanie Levasseur (et d’une équipe de composée de cinq autres chercheurs spécialisés dans divers aspects du vieillissement), impliquera la participation de 2 000 aînés. Elle visera à :

  1. comparer le bonheur, l’épanouissement, la participation sociale, l’âgisme et l’intégration dans la communauté d’aînés vivant dans un domicile conventionnel et en résidence pour personnes âgées ;
  2. explorer le bonheur, l’épanouissement, la participation sociale, l’âgisme et l’intégration dans la communauté d’aînés en fonction de leur lieu de résidence.

À écouter !

Entrevue avec Pre Mélanie Levasseur à Vivement le retour disponible sur Ohdio

À lire !

Communiqué de la FMSS de l’Université de Sherbrooke
Entrevue dans le magazine L’Adresse du Regroupement québécois des résidences pour aînées (RQRA)